Castello di Casole : quand la Toscane se fait palais secret Par Jean-Philippe David – Le Guide du Luxe Imagine : tu arrives par un chemin de cyprès si droit qu'on dirait un couloir royal, et soudain le château surgit, pierre blonde sous un ciel lavande de hiver. Pas un château de conte – un vrai, du XIe, restauré par Belmond avec la délicatesse d'un joaillier : voûtes intactes, cheminées où crépitent des bûches centenaires, et derrière chaque fenêtre, une vue qui te colle un frisson d'irréalité. Mille cinq cents hectares de domaine privé – vignes, oliviers, un lac miroir où les canards glissent comme des bijoux – et toi au milieu, avec l'impression que toute l'Italie s'est arrêtée pour te dire bonjour. Les suites ? Trente-neuf seulement, chacune une surprise : lit à baldaquin en fer forgé, baignoire îlot qui domine les collines, draps en lin si fins qu'ils claquent presque. Ma préférée : la Tower Suite, escalier en colimaçon, terrasse privée où l'air sent la résine et le cuir neuf – tu imagines déjà poser ta veste Balmain sur le dossier d'un fauteuil Renaissance et commander un Negroni au room-service, juste parce que tu peux. En bas, le spa est une cathédrale d'eau : piscine infinie chauffée à trente degrés – tu flottes, les yeux fermés, et les cyprès deviennent des pinceaux sur un tableau Turner. Hammam aux huiles d'olive locales, massage avec des pierres volcaniques tièdes : résultat, tu sors rose et léger comme après un premier baiser. Le restaurant, Tosca, a décroché deux étoiles Michelin sans faire de bruit ; le chef Luca Caioli joue la carte toscan pur : pici frais au ragù de sanglier, bistecca florentine tranchée à la perfection, vins du domaine (essaye le Sangiovese réserve – il goûte la terre rouge et le soleil enfermé). Tout se mange sur une terrasse chauffée, lanternes suspendues, musique jazz feutrée ; on se croirait dans un film de Visconti tourné en hiver. Et puis il y a les détails qui tuent : le bar Bibliothèque, où les livres sentent encore l'encre, les cocktails servis dans des verres anciens ; la salle de billard sous voûte gothique ; le jardin d'hiver avec ses orangeraies chauffées – tu y dégustes un espresso en regardant la brume monter des vignes, et tu te dis que Noël, finalement, c'est ici. Bref, Castello di Casole n'est pas un hôtel : c'est un secret que la Toscane garde pour ses intimes. Quand Rome te fatigue, quand les fêtes t'étouffent, tu prends la voiture vingt minutes de Sienne, et tu ressors avec l'âme repeinte. Luxe ? Plutôt une forme de magie – gratuite si tu sais regarder. et oui, je reviens ici en hiver, car même sans soleil, le lieu brille tout seul.
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